Quel avenir pour l'Opéra ?


Déclin, renouveau, nos spécialistes réfléchissent sur l'avenir de l'opéra et vous livreront bientôt leurs pensées sur le sujet.

 


En attendant d'autres commentaires sur l'avenir de l'Opéra, je prends ma plume pour donner un avis personnel (administrateur du site, membre de l'AOG depuis une dizaine d'année et un nombre certain d'opéras à mon compteur) mais objectif sur l'avenir de l'Opéra (je ne suis pas un passionné intégriste et exclusif d'opéra).

 

L'Opéra est en danger d'où l'intérêt d'en profiter tant qu'il y a encore des représentations de qualité.

 

L'Opéra est en danger pour différentes raisons.

 

- Comme chacun sait, il n'y a pas de renouvellement des œuvres. Depuis 100 à 200 ans se sont toujours les mêmes opéras joués de par le monde. Les quelques opéras "modernes" ou contemporains sont  difficiles d'accès, voire inaudibles pour un mélomane normal. Difficile de rêver avec çà. Les compositeurs de génie semblent avoir disparu, pourtant il doit bien y en avoir mais sans doute sont ils étouffés par le système des "vedettes jetables après avoir servi quelques mois ".

 

- Monter un opéra coûte cher, c'est simple à comprendre. Une nouvelle production nécessite un metteur en scène, une scène, des décors (décorateurs, menuisiers, peintres, machinistes, électriciens), des costumes (couturières), des chanteurs (maquilleuses), des cœurs, parfois des danseurs (chorégraphe), un orchestre et son chef. Il faut de nombreuses heures de répétitions pour les jeux d'acteurs, le chant et l'accompagnement orchestral. Il faut prévoir des remplaçants en cas de défaillance d'un interprète (les voix sont fragiles et un simple rhume empêche de chanter).

J'oublie certainement d'autres charges mais la liste ci-dessus est déjà impressionnante.

Même si on peut réduire les coûts en faisant "tourner" les productions d'une ville à l'autre il faut bien financer ces spectacles. Comment ?

La billetterie ne représente qu'une très faible participation au financement, il faut donc trouver d'autres sources, ce sont des subventions (de l'Etat ) et des sponsors, les droits de diffusion. Par les temps qui courent où toutes les mesures budgétaires convergent pour réaliser des économies, des profits ou une rentabilité à court terme, on peut être justement inquiet. D'ailleurs nombres de salles sont déjà en difficulté et réduisent programmes et participation de grands interprètes.

 

- Les chanteurs ne sont pas extrêmement nombreux, notamment les plus cotés. Ils se partagent les principales scènes mondiales.

Mais par contre leur "longévité" est de plus en plus réduite du fait des nombreuses sollicitations des directeurs d'Opéra, maisons de disques, sponsors et galas en tout genre. Les déplacements d'un bout de la planète à l'autre en avion leur permet de chanter de plus en plus dans le monde entier ... au détriment de leur voix. Il est maintenant fréquent de voir des chanteurs au "bout du rouleau" en une dizaine d'année.

En plus de chanter on demande également aux interprètes d'être de bons acteurs. Le ténor planté au milieu de la scène pour interpréter son rôle n'est plus concevable aujourd'hui.

 

- Parlons des mises en scènes qui sont, avec le renouvellement des interprètes, les seuls axes de "nouveautés" possibles pour les Opéras. Çà va du meilleur jusqu'au pire (voir chapitre précédent).

Certains metteurs en scènes ne cherchent qu'a choquer pour faire parler d'eux faute d'avoir du talent. C'est insupportable de voir des oeuvres dénaturées, privées de tout leur contexte pourtant fait de rêves, de grands sentiments, de valeurs éternelles.

Par exemple chanter en pyjama ou entouré d'hommes en armes (mitraillettes) ou de figurants tout nus dans une raffinerie de pétrole ne fait pas rêver et met même mal à l'aise spectateurs et interprètes.

Ce n'est plus la peine d'aller à l'Opéra si c'est pour fermer les yeux.

Et pourtant certains metteurs en scènes font de très belles choses tout en se montrant créatifs et modernes. A vous de choisir.

 

- En ce qui concerne la partie musicale il n'y a pas, à mon avis, de dérive comme pour les mises en scène. Les orchestres et les cœurs sont en général de bonne qualité (pour les salles d'un certain renom).

Les chefs d'orchestre d'Opéra (c'est une spécialité même si certains sont polyvalents) peuvent se distinguer entre ceux qui "suivent" les interprètes (ne pas couvrir les voix) et les autres.

 

- Enfin il faut bien avouer que l'Opéra n'attire pas beaucoup les jeunes.

Une salle ressemble à un champ couvert de neige lorsque vous vous y pénétrez.

Places trop chères réservées aux "forts" revenus (retraités aisés), pas de nouveauté, peu d'audience dans les médias grand public, tendances "people" agaçantes, font le lit du désintérêt pour l'Opéra  .

Lorsque ce public âgé disparaîtra que deviendra l'Opéra sans spectateurs ?

 

 

Profitez-en tant qu'il est encore temps, les Amis de l'Opéra Grenoble peuvent vous aider dans cette démarche.