Andréa Chénier à Milan

Andrea Chénier

Humberto Giordano (1867 – 1948)

 

Drame historique en 4 tableaux

Livret de Luigi Illica

 

Création : Milan, Scala, le 28 /03/1896

 

Marco Armiliato       Direction                   

Mario Martone         Mise en scène            

Margherita Palli       Décors           

Ursula Patzak           Costumes          

Pasquale Mari           Lumières

 

Interprètes :

 

 

Jonas Kaufmann                  Andrea Chénier         

Amartuvshin Enkhbat        Carlo Gérard  

Sonya Yoncheva                   Maddalena de Coigny          

Francesca Di Sauro              Bersi   

Josè Maria Lo Monaco        La Comtesse de Coigny        

Giulio Mastrototaro             Mathieu         

Carlo Bosi                              L'Incroyable  

Rubén Amoretti                    Roucher         

Elena Zilio                             Madelon 

Adolfo Corrado                    Fouquier-Tinville

 

 

Orchestre del Teatro alla Scala                             

Chœurs del Teatro alla Scala

Les circonstances qui entourent la composition d’Andrea Chénier font irrésistiblement penser à un roman dans le plus pur style vériste. Giordano vit misérablement via Bramante à Milan. Sonzogno ne lui verse plus aucun secours financier et c’est dans une pièce qui sert de remise à un entrepreneur des pompes funèbres que le pauvre musicien entreprend l’écriture d’un opéra dont l’accueil doit définitivement sceller son sort. Mais Umberto reste serein au milieu des couronnes mortuaires en se refusant à y voir le moindre présage !

Il se plie de bonne grâce aux humeurs d’Illica, son brillant librettiste, tout en sachant que les vraies difficultés commenceront une fois la partition achevée, lorsqu’il faudra convaincre un directeur de monter l’ouvrage… Giordano se réconforte peut-être en se rappelant comment il a miraculeusement envisagé de se remettre au travail après le fiasco de Regina Diaz. Une des personnalités les plus en vue du monde musical, le riche baron Alberto Franchetti (1860-1942), compositeur influent et généreux, lui a cédé ses droits sur un projet qu’Illica lui avait promis, Andrea Chénier ! Voici enfin le livret que méritait le talent de Giordano ! L’influence de Franchetti et la présence d’un librettiste de l’importance d’Illica allaient-elles suffire à convaincre Sonzogno ? Galli qui avait pourtant cru au talent de Giordano s’oppose à l’aventure en tant que conseiller musical car il estime qu’Andrea Chénier est « irreprésentable ». 

Nouvelle chance romanesque pour Giordano. Alors qu’il va trouver Mascagni pour le convaincre d’intercéder en sa faveur, il lui évite un terrible accident qui en fait définitivement son obligé. En tant que personnalité en vue, Mascagni est invité à l’inauguration du premier tramway électrique de Florence. Il s’apprête à monter à bord quand Giordano l’interpelle. Le tramway part sans Mascagni qui continue de discuter avec son ami. Or, quelques minutes plus tard, le tramway déraille en provoquant la mort de plusieurs passagers. Giordano avait sauvé Mascagni qui ne pouvait plus lui refuser de « sauver » sa carrière en convainquant Sonzogno de monter Andrea Chénier. L’éditeur met l’ouvrage au programme de la Scala avec une distribution éblouissante. Le 28 mars 1896, la première d’Andrea Chénier remporte un immense succès et la presse se montre enthousiaste. Le triomphe devient rapidement international. Giordano a enfin inscrit son nom dans l’histoire de l’opéra. 

 

Andrea Chénier est largement redevable au courant du «vérisme» musical, pendant italien du «réalisme» français. Le réalisme s’était développé après la révolution de 1848, au travers des peintures de Corot, Courbet ou Millet et des romans de Zola, qui illustraient des gens ordinaires dans leurs occupations quotidiennes ; il avait ensuite trouvé sa voie à l’opéra avec notamment Louise de Charpentier (achevé en 1896, créé en 1900). En Italie, ce courant trouva un équivalent dans le vérisme littéraire, dont le principal représentant est l’écrivain sicilien Giovanni Verga. Ses ouvrages mettent en scène des personnages du monde rural dont les crises personnelles se résolvent dans la violence et les passions exacerbées.

 

 

Résumé

 

 

 

Lors d’une réception au château de Coigny durant le printemps 1789, André Chénier, jeune poète plein de promesses, fait la connaissance de Madeleine, la fille de la comtesse de Coigny. Les échos de la Révolution qui s’annonce viennent troubler l’atmosphère de cette fête. La seconde partie du drame se déroule en juin 1794. L’ancien domestique de la comtesse de Coigny, Gérard, est devenu un fervent révolutionnaire. Cependant il aime Madeleine, une aristocrate, et il devient fou de jalousie en découvrant la passion qu’elle partage avec André Chénier. Gérard hésite entre la vengeance et le désir de céder aux supplications de Madeleine, prête à tout pour sauver André qui a été arrêté. Malgré l’intervention de Gérard, le poète est condamné à mort. Madeleine parvient à soudoyer un gardien pour rejoindre son amant dans sa prison. Elle montera à ses côtés dans la charrette qui les conduira à la guillotine.


Il aura fallu douze jours, pas un de plus, aux aristocrates milanais pour élaborer les plans d'un nouveau théâtre et les envoyer à l'Impératrice Marie-Thérèse, après l'incendie du Théâtre Ducal. Deux ans plus tard, en 1778, le nouvel opéra est inauguré, sur l'emplacement de l'église Santa Maria alla Scala et le Teatro alla Scala se distingue rapidement par la qualité de ses productions : l'Europe entière vient admirer la richesse des costumes, un choeur à l'effectif imposant, et des chanteurs qui se distinguent par la justesse de leur jeu dramatique.

Le spectacle est aussi dans la salle : on se réunit dans les loges, on échange les dernières nouvelles, on soupe, on joue même aux cartes. La tradition s'est heureusement perdue, mais le public de La Scala sait encore, de nos jours, se manifester bruyamment, qu'il désapprouve quelque trille, ou qu'il consacre définitivement la carrière d'une prima donna.

Toutefois, au XIXème siècle, la concurrence du Teatro di San Carlo de Naples qui attire les plus grandes voix de la péninsule, oblige la Scala à se renouveler, mais avec quel panache ! Les noms de Rossini, Bellini et Verdi se lieront pour toujours à celui de la salle milanaise, et l'histoire de la musique italienne, de la musique tout court, est inscrite dans ses murs. C'est ici que sont créés NORMA, LE TURC EN ITALIE, NABUCCO ou FALSTAFF ; c'est ici que triomphent Isabella Colbran ou Maria Malibran.

Le règne de Verdi à peine terminé, c'est celui de Toscanini qui commence. Au milieu des orages déclenchés par ses célèbres colères, le chef italien saura constituer un orchestre et une troupe de chanteurs permanents qui imposent de nouveaux critères de qualité pour le monde entier. En ces années-là, on ne chante au MET de New-York qu'à la condition d'avoir été applaudi à la Scala ...

 

La Scala sera détruite en 1943, mais, très vite reconstruite selon les plans d'origine, elle a su garder son âme, grâce à des artistes comme Giulini, Callas, Tebaldi, Karajan ou Visconti, qui ont su, eux aussi, trembler à l'idée de se produire sous le grand lustre en cristal de Murano.


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