Ce déplacement à Monte Carlo est une nouveauté pour l'association des "Amis de l'Opéra Grenoble".
La salle des Princes du Grimaldi Forum ouvre ses portes à Adriana Lecouvreur. Cet opéra en quatre actes a été composé par Francesco Cilea (1866-1950) et créé pour le Teatro Lirico de Milan, le 6 novembre 1902. Il est tiré du livret d’Arturo Colautti (1851-1914), d’après la pièce des dramaturges français Eugène Scribe (1791-1861) et Ernest Legouvé (1807-1903) intitulée Adrienne Lecouvreur (1849). Le sujet conte les aventures d’une jeune comédienne française ayant réellement vécu au XVIIIèmesiècle. Après avoir intégré la Comédie-Française, elle va connaitre le succès et enchaîner les amants dont Voltaire (1694-1778) et Maurice de Saxe (1696-1750), maréchal général des camps et armées de Louis XV. Elle meurt mystérieusement le 20 mars 1730 à Paris.
Interprètes :
Barbara Frittoli (Adrienne Lecouvreur)
Marianne Cornetti (la princesse de Bouillon)
Diletta Rizzo Marin (Melle Jouvenot)
Loriana Castellano (Melle Dangeville)
Roberto Alagna (Maurice, comte de Saxe)
Alberto Mastromarino (Michonnet)
Alessandro Spina (le prince de Bouillon)
Luca Casalin (l'abbé de Chazeuil)
Enrico Casari (Poisson)
Antoine Garcin (Quinault)
Le chœur de l'Opéra de Monte-Carlo et l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo
Direction musicale : Maurizio Benini
Mise en scène : Davide Livermore
Le mot du Président de l'Association des Amis de l'Opéra Grenoble sur le séjour à Monaco :
Une première cette saison 2017.2018 pour les Amis de l’Opéra-Grenoble : un séjour en la Principauté de Monaco !
Les mercredi 22, jeudi 23 et vendredi 24 novembre dernier, nos Amis ont pu visiter l’un des plus petits états au monde, et aller écouter une œuvre phare du "Verismo" lyrique italien, à savoir "Adriana Lecouvreur" de Francesco Cilea. Œuvre inédite pour les Amis, relatant le destin tragique du personnage historique d’Adrienne Lecouvreur, comédienne, sociétaire du "Français" au XVIIIème siècle, immortalisée par la célèbre pièce d’Eugène Scribe dont est tiré le livret de l’opéra.
Rocher, palais princier, vieille ville, cathédrale, musée océanographique accroché à la falaise, casino, opéra Garnier (d’extérieur seulement, hélas), grands Hôtels, Café de Paris, jardin exotique perché au dessus de la Principauté, quartiers modernes gagnés sur la mer, le port Hercule, Fontvieille, etc….agrémentèrent les pérégrinations de nos Amis.
Jeudi soir, au Balcon de la grande salle moderne, élégante et confortable, du Grimaldi Forum, en bord de mer, nous assistions à la représentation d’"A.Lecouvreur" du calabrais F.Cilea, avec une belle distribution, dont notre grand ténor international, Roberto Alagna, face à la soprano chevronnée Barbara Frittoli, entourés du solide baryton Alberto Mastromarino et de l’ample mezzo Mariana Cornetti, remplaçant Luciana D’Intino qui venait de se retirer de la scène quelques jours auparavant. Distribution fort homogène et de qualité.
Voix claire, timbrée, à la diction remarquable, Roberto, l’amoureux Maurizio, ne démentit pas sa réputation malgré l’annonce d’une légère indisposition. Pas d’éblouissement, certes, dans un rôle relativement réduit pour épanouir toute sa palette du chant, mais une science du phrasé, des couleurs vocales subtiles, et un style ! Voix fatiguée à la toute fin de l’opéra.
La Frittoli s’empara du rôle titre avec autorité. Ligne de chant tenue, modulée. Une partition copieuse et difficile, qu’elle domina sans problème, nous proposant un Final bouleversant, dramatique. Brava !
Le fidèle Michonnet, régisseur du théâtre, secrètement amoureux, fut incarné par Alberto Mastromarino, baryton tout à fait familier de ce répertoire, à la vocalité chaude.
Voix ample, vaillante, manquant cependant de subtilité, M.Cornetti incarna la Princesse de Bouillon, rivale en amour d’Adriana, personnage un peu volcanique, rongé de jalousie et d’ambition, allant jusqu’à empoisonner sa rivale provocant ainsi le drame final !
La mise en scène de Davide Livermore proposait un dispositif scénique en deux plateaux tournant concentriques. Celui du centre supportait la structure principale de la scène du théâtre, et ses coulisses, et la couronne tout autour amenait divers dispositifs évolutifs en fonction du livret ; bureau, canapés, tables, fauteuils, lit, et groupes de personnages en une ronde suggestive. De beaux effets scéniques merveilleusement éclairés. Beaucoup de chatoiement, de luxe, de mobilité dans cette évocation du monde théâtral transposé ici au XIXème à l’époque de la grande Sarah Bernhardt, célèbre incarnation du rôle titre dans la pièce de Scribe, et délibérément suggérée ici par le metteur en scène au dernier acte (allusion à la jambe de bois et grande photo finale en fond de décor, comme dans un film muet).
Très belle image en ce final poignant, dans la pure tradition vériste, emportant le cœur et les larmes de nos Amis !
A la baguette du bel Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, à la renommée internationale établie, le Maestro Maurizio Benini, également familier du répertoire, dans une direction très vivante, contrastée, précise, devenant lyrique au dernier acte. Beau travail de mise en valeur de la coloration tant narrative et réaliste que dramatique, voire encore romantique, de cette partition "vériste", parfois inégale.
Belle représentation, tant musicale que scénique, qui fit l’unanimité chez nos Amis, sortis émus et ravis du grand hall moderne de verre et métal du Grimaldi Forum, vaste espace élégant et agréable.
Accueil attentionné, cordialité, et confort à l’Hôtel Ambassador où nous dînâmes de façon copieuse et succulente, en un menu à l’italienne, le premier soir.
Séjour et première réussis, sous un ciel plutôt clément, même si l’air frais ambiant nécessitait une petite laine !
A.GUIPONT
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